2. Le recueil final du Coran et celui de l'Evangile

Le Coran de Zaïd Ibn Thabit et de ses collaborateurs

Dans la section précédente nous avons suivi le développement de la formation du Coran jusqu'à l'achèvement de la première copie officielle sous le califat de Abou Bakr. D'autres hommes avaient cependant rassemblé leur propres collections de Sourates, soit directement à partir de l'enseignement de Muhammad, soit en recopiant le texte que possédaient d'autres musulmans.

L'une de ces collections les plus connues est celle de Abdullah Ibn Mas`ud, qui était le serviteur personnel de Muhammad et qui se trouvait là lors des batailles de Badr et de Uhud. II affirme avoir appris soixante-dix Sourates directement de la bouche de Muhammad. La tradition ajoute qu'il fut l'un des premiers à enseigner la lecture du Coran. Mais il est bien connu aussi que son recueil diffère par l'ordre des Sourates et par l'absence des Sourates 1, 113 et 114.

Ubai b. Ka`b, un autre compagnon de Muhammad constitua aussi sa propre collection de Sourates. Il faisait partie des Ansâr et avait été le secrétaire de Muhammad avant que celui-ci vint à Médine. Mais il est connu que le codex d'Ubai comprenait deux Sourates qui ne se retrouvent pas dans le recueil d'Uthman - les Sourates al-Khal` et al-Hafd ; il comportait aussi un verset sur la cupidité des hommes à la suite de la Sourate 10.24. Avant l'apparition du texte d'Uthman, celui d'Ubai était très utilisé en Syrie ; il est probable que Ubai ait aidé Zaïd dans sa préparation du texte officiel d'Uthman.

Outre ces deux hommes, l'histoire islamique et les hadiths mentionnent des collections primitives constituées par Ali Ibn Abi Talib, le gendre du Prophète et qui avait la particularité de classer les Sourates dans l'ordre chronologique, en commençant par la Sourate 96 ; par Ibn Abbas dont le codex est mentionné par al-Suyuti (Itqan, 154) comme possédant les deux Sourates particulières à Ubai ; et par Abou Musa dont le recueil était utilisé par les habitants de Bassora. Il contenait également les deux Sourates du recueil de Ubai (Itqan, 154) ainsi que le verset sur la cupidité des hommes (Muslim, Sahih, 1, 285, 286)(1).

Comme nous le verrons dans le hadith suivant, les différences qui existaient entre les recueils étaient parfois si grandes que les soldats musulmans d'Iraq, fidèles au recueil de Ibn Mas`ud, et les soldats de Syrie, fidèles au recueil de Ubai, s'accusaient mutuellement de mensonges.

Le problème devint tellement préoccupant que Uthman, en campagne pour la conquête de l'Arménie et de l'Azerbaidjan (en 25 ou 30 de l'Hégire) fut averti par Hudhaifah ibn al Yaman des conséquences éventuelles, comme l'explique le hadith suivant :

Hudhaifah dit donc à Uthman : "Oh Commandeur des Croyants, veille sur le peuple. "

II répondit : " Quel est le problème ? ",

Hudhaifah dit : " J'ai pris part à l'expédition contre l'Arménie, dans une armée composée de soldats iraqiens et de soldats syriens. Mais les Syriens suivent la lecture du Coran selon Ubai ibn Ka'b, et affirment certaines choses que les Iraqiens n'ont jamais entendues. Aussi ces derniers accusent-ils les premiers d'incrédulité. De même, les Iraqiens, qui suivent la lecture de Ibn Mas`ud, lisent des choses que les Syriens n'ont jamais entendues ; aussi ces derniers les accusent-ils d'incrédulité. Retiens ce peuple avant qu'il ne diverge à propos du Livre, comme le font les juifs et les chrétiens. "

En conséquence, Uthman fit dire à Hafsa :" Envoie-nous les feuilles afin que nous puissions les recopier dans les volumes. Puis nous te les renverrons. " Hafsa les fit donc parvenir à Uthman qui ordonna à Zaïd ibn Thabit, à Abdullah ibn al Zubair, à Said ibn al As et à Abdullah ibn Harith ibn Hisham de les copier dans les volumes. Et Uthman dit aux trois Quraychites : " Lorsque vous êtes en désaccord d'avec Zaïd ibn Thabit, sur une quelconque portion du Coran, adoptez le dialecte des Quraychites, car en vérité, c'est dans leur dialecte qu'il nous est venu. ," Ils firent ainsi ; quand ils eurent achevé de recopier les feuilles dans les volumes, Uthman envoya les feuilles à Hafsa. Et il fit parvenir dans chaque région un volume qui venait d'être copié et ordonna que fût brûlé tout ce qui subsistait en dehors du Coran, soit feuillas, soit, volume.(2)

Nous trouvons, dans le hadith suivant, une preuve supplémentaire du grand effort fourni par Zaïd et ses collaborateurs pour constituer leur collection : Ibn Shihab rapporte que Kharijah ibn Zaïd ibn Thabit me déclara avoir entendu Zaïd ibn Thabit dire : " Lorsque nous copiâmes le volume, il manquait à la Sourate al Ahzab un verset (33.23) que j'avais eu l'habitude d'entendre réciter par l'Envoyé de Dieu. C'est pourquoi nous l'avons cherché. Et nous l'avons trouvé chez Khuzaimah ibn Thabit l'Ansar, l'un des croyants. Nous l'avons donc inclus dans le volume, à la Sourate correspondante. "(3)

Après avoir attentivement observé comment Zaïd Ibn Thabit avait rempli sa tâche en rassemblant les Sourates du Coran, examinons maintenant ce que l'on sait de la formation des récits de l'Evangile, en nous référant spécialement à Luc qui nous donne le plus d'informations sur sa méthode.

Comment ont été consignés les récits de l'Evangile

Au cours des 25 années qui suivirent l'Ascension de Jésus, la prédication de l'évangile reposait sur (a) les prophéties concernant Jésus, tirées de la Torah de Moïse, les Zabur ou Psaumes de David et les autres prophètes de l'Ancien Testament ; et (b) les récits des apôtres, comme témoins oculaires que les prophéties s'étaient bien accomplies.

Mais avec le temps, le Saint-Esprit conduisit les quatre évangélistes à consigner par écrit la vie de Christ et ses enseignements. Mais, pas plus que dans les Sourates du Coran le texte des Evangiles ne donne d'indication de date de composition. Nous ne savons donc pas quand exactement les récits de l'Evangile ont été écrits. Papias, auquel nous avons déjà fait allusion comme collectionneur de traditions chrétiennes, déclare que Matthieu fut le premier à étudier les " oracles ", (ou paroles) de Jésus, que Marc écrivit ce que lui dictait l'Apôtre Pierre, que Luc fut le compagnon de l'Apôtre Paul et que Jean écrivit le quatrième Evangile au soir de sa vie, à Ephèse.

L'histoire extra-biblique nous aide néanmoins à fixer une date approximative. Ainsi, l'historien romain Tacite mentionne l'existence des chrétiens dans son récit de l'incendie de Rome en 64, sous le règne de Néron. Il écrit :(4)

" Mais aucun moyen humain, ni largesses princières, ni cérémonies religieuses expiatoires, ne faisait reculer la rumeur infamante d'après laquelle l'incendie avait été ordonné par Néron. Aussi, pour l'anéantir, il suppose des coupables et inflige des tourments raffinés à ceux que leurs abominations faisaient détester et que la foule appelait chrétiens. Ce nom leur vient de Christ, que, sous le principat de Tibère, le Procurateur Ponce Pilate avait livré au supplice ; réprimée sur le moment, cette détestable superstition perçait de nouveau, non pas seulement en Judée, où le mal avait pris naissance, mais encore dans Rome " (souligné par l'auteur).

Il ressort clairement d'après les mots imprimés en italique que Tacite et les Romains croyaient bien que Jésus avait été crucifié sous Ponce Pilate, comme l'affirme l'Evangile. De surcroît, Tacite confirme la violente persécution que déclencha Néron contre les chrétiens.

D'après la tradition, Pierre et Paul furent parmi les victimes de cette persécution. Puisque Luc ne fait état ni de cette persécution, ni de la mort des deux apôtres à la fin de son livre, les savants chrétiens évangéliques en déduisent que le livre des Actes a dû être écrit avant la persécution, probablement au cours des deux années que Luc passa avec Paul à Rome. Si cette hypothèse était exacte, la rédaction du livre des Actes remonterait aux années 62-63. Luc aurait alors composé son Evangile vers l'an 60 à l'époque où Paul attendait d'être jugé en Palestine.

Les titres au crédit de Luc-collectionneur

En Colossiens 4.14 Paul déclare : " Luc, le médecin bien-aimé vous salue... " Son titre de médecin, ajouté à la langue grecque qu'il manie élégamment, indique qu'il était une personne cultivée.

A deux reprises au moins il accompagna personnellement Paul, une fois lors du voyage qui les conduisit de Troas en Turquie à Philippes en Grèce (Actes 16.10-40), une autre fois lors du voyage qu'effectua Paul de Philippes à Jérusalem. Cette collaboration s'étendit sur plusieurs années de suite, car Luc resta aux côtés de Paul durant les deux ans de son emprisonnement en Palestine et durant les deux ans de son emprisonnement à Rome (Actes 20.6-28.31).

Pendant ce temps passé à Jérusalem et en Palestine, Luc eut de nombreuses occasions de s'entretenir avec des personnes qui avaient personnellement connu Jésus, entre autres Jacques le demi-frère de Jésus. Luc rapporte ainsi sa rencontre avec Jacques :

" Le lendemain Paul se rendit avec NOUS chez Jacques, et tous les anciens y vinrent aussi " (Actes 21.18, souligné par l'auteur).

Jacques, un des fils de Marie et Joseph, avait sans doute connaissance des circonstances miraculeuses qui avaient accompagnées la naissance de Jésus ; il savait également comment Jésus avait travaillé dans l'atelier de Joseph, le charpentier. Luc est le seul auteur à rapporter la conversation entre Jésus et les maîtres de la loi dans le temple, à l'âge de 12 ans (Luc 2.4150). Cet épisode de la vie de Jésus lui aura été facilement communiqué par Jacques.

1 Corinthiens 15.7 déclare qu'après sa résurrection, Jésus se fit voir de Jacques. Il est presque certain que lorsque Luc rencontra Jacques, il lui posa bien des questions concernant cette apparition et les paroles que Jésus avait pu lui dire.

Outre la possibilité d'apprendre ce que lui offrait sa rencontre avec Jacques, Luc a pu questionner Marie, si toutefois celle-ci était encore en vie, sur la naissance miraculeuse du Messie. Car Luc est, à nouveau, le seul auteur à mentionner l'entretien de l'ange Gabriel avec Marie et cette promesse :

" Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C'est pourquoi le saint enfant qui naîtra sera appelé Fils de Dieu ," (Luc 1.26-38).

Au cours des deux années d'emprisonnement de Paul en Palestine, Luc a eu la possibilité de contacter littéralement des centaines de personnes qui avaient vu de leurs yeux les miracles opérés par Jésus et entendu de leurs oreilles les paroles prononcées par Jésus. Il a été en mesure d'interroger plusieurs parmi les " plus de cinq cents " qui virent ensemble Jésus après sa résurrection d'entre les morts (1 Corinthiens 15.6).

Nous savons enfin que Luc connaissait Marc ; en effet, ils ont été tous les deux auprès de Paul, à la même époque. C'est ce qui ressort de la fin de la lettre que Paul écrivit aux Colossiens :

" Aristarque, mon compagnon de captivité, vous salue, ainsi que Marc, le cousin de Barnabas... Luc, le médecin bien-aimé vous salue, ainsi que Démas " (Colossiens 4.10, 14).

D'après une tradition (" un hadith ") de Papias, Marc écrivit son récit de la vie et des paroles de Jésus sous la dictée de Pierre. La comparaison des deux récits de l'Evangile révèle, avec une quasi-certitude, que Luc connaissait l'ouvrage de Marc et qu'il s'en servit comme de l'une des sources d'information. Peut-être a-t-il obtenu une copie de l'Evangile selon Marc de l'auteur lui-même, dans la prison où Paul était enfermé.

Toutes ces données montrent clairement que Luc avait eu d'excellentes occasions de vérifier l'exactitude des faits rapportés dans l'Evangile, au même titre que Zaïd Ibn Thabit et ses collaborateurs qui avaient éprouvé l'authenticité du recueil coranique.

La manière de procéder de Luc

De même qu'il y eut de nombreuses personnes qui firent leur propre recueil du Coran, ainsi plusieurs se mirent à rassembler les faits et les paroles de Jésus. Dans la préface de son Evangile, Luc relève ce fait et explique sa propre méthode :

" Puisque plusieurs ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, tels que nous les ont transmis ceux qui, dès le commencement en ont été les témoins oculaires et qui sont devenus serviteurs de la Parole, il m'a semblé bon, à moi aussi, après avoir tout recherché exactement depuis les origines, de te l'exposer par écrit d'une manière suivie, excellent Théophile, afin que tu reconnaisses la certitude des enseignements que tu as reçus ," (Luc 1.1-4).

Luc nous apprend donc que plusieurs avaient rassemblé les paroles de Jésus ainsi que la description des miracles, telles que les témoins oculaires les leur avaient rapportées ; que ces témoins sont devenus les " serviteurs de la parole ". Le mot " parole " désigne Jésus, car il est la " Parole de Dieu " (kalimat Allah, ~~ ), ce que déclare d'abord l'Evangile, mais aussi le Coran. Luc poursuivit en disant : " Moi aussi, j'ai effectué des recherches exactes ", (c'est dire qu'il s'enquit de trouver au moins deux témoins pour les faits et paroles qu'il rapporte) ; finalement, il présenta son récit d'une manière ordonnée à l'intention d'un homme nommé Théophile.

Ni Luc, ni aucune tradition ne font allusion à " deux témoins ". Mais je le prétends sur la base de Deutéronome 19.15 qui affirme :

" Un seul témoin ne suffira pas contre un homme pour constater une faute, un forfait, un péché quelconque qu'on peut commettre ; un fait ne pourra s'établir que sur la déposition de deux ou de trois témoins. "

S'il était indispensable d'en appeler au témoignage de deux personnes pour établir la vérité au sujet d'un crime humain ou d'une injure humaine, combien plus était-il nécessaire de faire appel à deux témoins dès lors qu'il s'agissait de la sainte Parole de Dieu.

Passons en revue rapidement ce que nous savons des autres Evangiles.

Marc

Marc était originaire de Jérusalem et pouvait donc avoir connu Pierre et les autres apôtres durant sa jeunesse. Nous savons que plus tard il s'est trouvé avec Pierre à Rome puisque l'apôtre écrit :

" L'Elue (l'église) qui est à Babylone (Rome) vous salue, de même que mon fils Marc " (1 Pierre 5.13).

C'est pourquoi, la déclaration de Papias selon laquelle Marc écrivit sous la dictée de Pierre décrit une situation tout à fait possible. Nous ne savons pas si Marc faisait seulement fonction de secrétaire de Pierre ou s'il traduisait aussi l'Evangile que l'apôtre lui dictait en araméen, mais ceux qui sont rompus à la fois à l'araméen et au grec affirment :

" L'étude de son (Marc) Evangile montre clairement qu'une grande partie de ses matériaux est d'origine araméenne, car son grec laisse transparaître par endroits des aramaïsmes caractéristiques ".(5)

Si l'on en croit la tradition, Pierre a été mis à mort lors de la persécution déclenchée par Néron en 64 contre les chrétiens. Le Dr. Bucaille suggère que Marc aurait écrit son évangile de mémoire, après la mort de Pierre ; il propose donc la date de 70 pour la rédaction de cet évangile. Mais puisque Luc écrivit son Evangile vers l'an 60, en s'inspirant de l'évangile de Marc, plusieurs savants conservateurs, en accord avec les Pères de l'Eglise, comme Origène, Jérôme et Clément d'Alexandrie, placent la date de rédaction de l'évangile de Marc dans les années 50.

Comme nous le verrons plus loin, le choix de l'an 70 par le Dr. Bucaille ne tient compte ni de preuves internes ni de preuves externes. II résulte d'un postulat de base qui s'inspire de la critique des formes littéraires, et selon lequel l'accomplissement miraculeux des prophéties est impossible.

Matthieu

Nous ne savons pas non plus quand Matthieu a rédigé son Evangile.

Comme nous le verrons ultérieurement, Matthieu est cité dans les plus anciennes lettres et dans les plus anciens écrits chrétiens que nous possédons. Papias affirme que Matthieu fut le premier à consigner par écrit les " paroles " de Jésus.

L'Evangile lui-même nous apprend que Matthieu était un collecteur d'impôts avant de répondre à Jésus qui l'appela à le suivre. En tant que collecteur d'impôts, il devait connaître le latin et l'araméen pour pouvoir tenir des comptes rendus des sommes qui étaient dues aux Romains ; de plus il devait sans doute aussi connaître le grec qui était la langue commerciale de l'époque. Par conséquent nous avons de bonnes raisons de croire qu'il possédait toutes les qualifications nécessaires pour rapporter les paroles de Jésus. Dans un autre hadith, Papias déclare que Matthieu écrivit les logia ou paroles de Jésus en dialecte hébreu (araméen).

Tandis que Jésus se rendait de village en village, Matthieu le suivait et écrivait les leçons que Jésus enseignait. Ces notes n'étaient certainement pas datées, pas plus que le furent les Sourates du Coran. D'ailleurs il est bien évident que cela n'avait pas grande importance de savoir quel jour et dans quel village Jésus avait prononcé ces paroles : " Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait " (Matthieu 5.48).

On pense que plus tard, un homme qui, comme Luc, avait constitué sa collection personnelle des actes et des paroles de Jésus, se servit de la matière que Marc avait reçue de Pierre et traduisit en grec le recueil matthéen des paroles de Jésus. Il les ajouta aux récits venant de Marc sous la forme des cinq sections d'enseignements dont la plus célèbre est le " Sermon sur la Montagne ," (Matthieu 5.7).

Dans ce sermon Jésus parle de prière, de jeûne, du divorce, de l'adultère dans le coeur et des autres attitudes de la vie spirituelle intérieure, et de l'un des commandements les plus exigeants jamais donnés par Dieu. Jésus déclara en effet :

" Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent. Alors vous serez fils de votre Père qui est dans les cieux " (Matthieu 5.44-45a).

Jésus a obéi à ce commandement et l'a parfaitement accompli lorsqu'il a prié pour ceux qui le crucifiaient et dit : " Père (Dieu), pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font " (Luc 23.34).

D'après ce commandement, il est clairement établi que l'expression " fils de votre Père qui est dans les cieux " désigne une relation spirituelle. Toute idée de parenté physique ou charnelle est exclue.

Parmi les récits qui sont spécifiques à Matthieu seulement, relevons l'hommage rendu par les sages (appelés " mages " comme les prêtres mazdéens de Perse) venus d'Orient à Jésus le roi de la nation juive qui venait de naître. Nous ignorons si cette narration provenait du recueil matthéen proprement dit, ou non, car nous ne possédons aucune copie de la collection de Matthieu, pas plus qu'il n'existe actuellement de copie du Coran de la collection de Ibn Mas`ud.

Finalement, de la même manière que certains mots donnèrent leur nom à la Sourate dans laquelle ils se trouvaient, ainsi ce recueil reçut le nom de Evangile selon Matthieu à cause du matériau qui provenait de Matthieu.

Jean

On fixe généralement aux années 90-95 la date de rédaction de l'Evangile selon Jean. L'apôtre était alors très âgé. L'Evangile lui-même ne fournit aucune indication permettant de fixer cette date. Récemment, des savants ont avancé des dates plus anciennes.

William Foxwell Albright, l'un des archéologues mondialement connus pour l'étude des sites bibliques, déclare : " Nous pouvons affirmer énergiquement qu'il n'y a plus aujourd'hui de raisons solides pour dater l'un quelconque des livres du Nouveau Testament postérieurement à l'an 80 ".(6)

Les dates proposées par le Dr Bucaille et leurs raisons

Le Dr. Bucaille cite plusieurs savants du Nouveau Testament et pose ainsi les dates de rédaction des quatre Evangiles : Matthieu en l'an 80, Marc en 70, Luc entre 70 et 90 et Jean dans les années 90. Nous remarquons que toutes ces dates sont postérieures à l'an 70 ! Pourquoi ? Simplement parce que c'est en 70 que Jérusalem fut détruite, et que Matthieu, Marc et Luc avaient tous rapporté la prophétie qu'avait faite Jésus de la destruction de la ville. Marc rend ainsi cette annonce prophétique :

" Lorsque Jésus sortit du temple, un de ses disciples lui dit : Maître, regarde, quelles pierres, quelles constructions ! Jésus lui répondit : Vois-tu ces grandes constructions ? Il ne restera pas pierre sur pierre qui ne soit renversée " (Marc 13.1-2).

Tous les savants que le Dr. Bucaille a choisi de citer sont des adeptes de l'hypothèse documentaire et de la critique des formes littéraires, ces théories que nous avons examinées aux chapitres I et II de la présente section. Souvenez-vous que les initiateurs de ces théories avaient, parmi leurs POSTULATS DE BASE la négation du miracle de la prophétie.

C'est pourquoi, par suite de ce " postulat de base " ils sont obligés de fixer la date de composition de ces paroles après la destruction de Jérusalem, donc après que les événements prophétisés se soient accomplis.

Nous le répétons, il n'y a dans aucun des quatre récits de l'Evangile un indice qui puisse permettre de fixer la date de rédaction de ces écrits. Ils auraient bien pu être écrits au cours de la décennie qui suivit la mort de Jésus. Dans son livre Redating the New Testament, John A.T.Robinson conclut que la totalité du Nouveau Testament avait déjà été écrite avant la destruction de Jérusalem en 70.(7)

Le Dr. Bucaille présente, à la page 83 un schéma général sur la formation des récits de l'Evangile, pour en conclure que la Bible a été malmenée, altérée et changée. Le diagramme 1 représente les différents matériaux rassemblés pour la rédaction des récits de l'Evangile, telle qu'elle a été décrite dans les pages précédentes.

Diagramme 1 : La formation de l'Evangile

Ce diagramme montre à l'évidence que je ne partage pas du tout les dates proposées par le Dr. Bucaille. Mais même si nous devons accepter ses dates plutôt que les miennes, il n'empêche que tous les savants sont d'accord pour affirmer que de nombreux livres du Nouveau Testament était écrits en 85 et que tous les auteurs du Nouveau Testament acceptaient fermement la doctrine de l'Evangile.

J'insiste sur ces dates de 52 à 70, car elles déterminent une période de 26 à 44 ans après le début du ministère public de Jésus. En rappelant que les premières copies officielles du Coran d'Uthman furent envoyées, au plus tôt, en l'an 26 de l'Hégire, soit 40 ans après le début de la prédication de Muhammad, on constate qu'il existe sensiblement le même intervalle de temps qui sépare la prédication de l'Evangile ou du Coran de la circulation des premiers écrits de l'Evangile ou du Coran.

A la question répétée " COMMENT LE SAVEZ-VOUS ? ", nous répondrons NOUS CROYONS que les disciples étaient des hommes intègres qui désiraient connaître la vérité de Dieu et lui obéir ; le Coran partage ce point de vue quand il déclare qu'ils étaient "inspirés" et voulaient être les " auxiliaires " (trad. D. Masson) de Dieu.

NOUS CROYONS qu'il y eut beaucoup d'autres témoins oculaires de la vie et des miracles de Jésus, capables de contrôler la fidélité des récits racontés et transmis.

NOUS CROYONS que les récits furent consignés tôt par écrits, et, plus important encore, NOUS CROYONS que le Saint-Esprit a guidé les écrivains.

II reste bien vrai que nous ne possédons pas de " preuve " irréfutable, dans le sens où nous n'avons pas le texte original du livre des Actes ou de l'Evangile selon Luc.

Les " précautions toutes particulières " de Uthman à l'égard du texte du Coran

Au début de cette section nous avons cité plusieurs hadiths qui racontaient comment a été constituée la collection définitive du Coran par Zaïd Ibn Thabit et ses collaborateurs. Je rappelle ici la fin d'une des citations , car nous aurons à tirer les conséquences de la dernière phrase.

" ... Quand ils eurent achevé de recopier les feuilles dans les volumes, Uthman renvoya les feuilles à Hafsa. Et il fit parvenir dans chaque région un volume qui venait d être copié, et il ordonna que fût brûlé tout ce qui subsistait en dehors du Coran, soit feuille, soit volume."(8)

Notons bien cette dernière phrase :

.. ET IL (UTHMAN)... ORDONNA QUE FUT BRULE TOUT CE QUI SUBSISTAIT EN DEHORS DU CORAN, SOIT FEUILLE, SOIT VOLUME.

Uthman voulait s'assurer qu'il n'y aurait pas de variantes entre les copies du Coran. Dans ce but, il fit brûler toutes les copies existantes, à l'exception de celle réalisée par les collaborateurs de ibn Thabit et sous son autorité.

Il fit brûler la copie de Ali, le gendre du prophète.

Il fit brûler la copie de Ubai b. Ka'b. Ibn Abi Dawud raconte que lorsque quelques iraqiens demandèrent au fils de Ubai le droit de voir le recueil de Sourates rassemblées par Ubai, il répondit que Uthman l'avait saisi qabadahu (~~).(9)

Il donna l'ordre à Ibn Mas`ud qui se trouvait au loin en Iraq de détruire sa collection privée. Ibn Mas`ud refusa d'obtempérer, de son vivant, mais finalement son recueil fut néanmoins détruit.

Si Uthman n'avait pas exigé la destruction, par le feu, des autres copies du Coran, il y aurait (au moins) quatre témoignages indépendants de son authenticité. Il fit brûler des Corans qui s'avéraient être des recueils primitifs, constitués par des témoins qui avaient vu et entendu ce que Muhammad avait dit.

Comme nous l'avons vu précédemment, la Torah exigeait qu'il y eût au moins deux témoins ; Uthman, quant à lui, supprima la pluralité des témoins et les fondit en un seul. Il y a au moins un hadith qui déclare : " Il avait trouvé de multiples Corans, et n'en laissa subsister qu'un seul ; il a déchiré le Livre ".(10)

Très sérieusement, j'interroge mes lecteurs musulmans : sur quels critères pouvez-vous vous appuyer pour vous prouver à vous-mêmes, et a fortiori à des non-musulmans, qu'il n'y a eu aucune " modification du texte " (al tahrif al-lafzi, ~~ ) ?

Que pense d'ailleurs le Dr. Bucaille de cette initiative d'Uthman ? ? ? Dans un petit paragraphe, on trouve cette phrase aux mots judicieusement choisis :

" On sait qu'après la mort de Muhammad, l'Islam s'étendit avec une très grande rapidité et fort loin de sa région d'origine, au milieu de peuples dont un grand nombre ne connaissait pas l'arabe. On prit des PRECAUTIONS TOUTES PARTICULIERES pour que le texte ne souffrît pas de cette expansion. " (sic).(11) (Les capitales et les caractères gras sont de l'auteur du présent livre.)

Répétons cette dernière phrase :

" On prit des PRECAUTIONS TOUTES PARTICULIERES pour que le texte coranique ne souffrît pas de cette expansion." (sic) (sic) (sic) !!! Imaginez ce qu'aurait dit le Dr. Bucaille si des chrétiens avaient écrit une petite phrase comme celle-ci ! Nous serions accusés de faire de l'acrobatie dialectique, de cacher la vérité, de tromper les fidèles, etc. Nous allons inclure un nouveau signe dans ce livre. Il représente trois sauts périlleux d'acrobaties dialectiques : (¿¿¿)

Le Dr. Bucaille condamne les chrétiens en termes véhéments, disant : " Peut-être cent évangiles ont-ils été supprimés "(12), (mais il ne fournit aucune preuve à cette affirmation) et déclare que certains textes furent " écartés de façon plus brutale ". Cela a effectivement pu se produire ici et là, mais comme les responsables d'églises n'avaient aucun pouvoir politique, bien longtemps encore après que Constantin I fût devenu empereur en 324, il est très improbable, voire impossible qu'ils aient pu prendre de telles initiatives.

II y eut certes, à cette période reculée, les livres brûlés, mais ce fut sur l'ordre d'un non-chrétien. En 303, l'empereur païen Dioclétien ordonna la destruction de tous les livres sacrés des chrétiens, qu'ils fussent canoniques ou apocryphes. Il en résulta, à coup sûr la perte irréparable de nombreux ouvrages, mais ce ne fut en aucun cas, une initiative de l'Eglise.

Avant 393, date où se tint le Concile d'Hippone, en Afrique du Nord, aucun concile ecclésiastique n'avait dressé la liste des livres officiellement reconnus comme revêtus de l'autorité apostolique. Notons cependant que le Codex Vaticanus et le Codex Sinaïticus, écrits tous deux 40 ou 50 ans avant la tenue de ce Concile, contiennent tous les 27 livres de l'actuel Evangile-Nouveau Testament. II est évident que ces livres furent acceptés par les croyants au cours des trois siècles de discussion ouverte à une époque où l'église n'avait pas encore de puissance politique pour imposer ses règles.

On a peine à comprendre les critiques acerbes que le Dr.Bucaille lance contre les chrétiens, alors que dans le même ordre d'idées, il ne s'offusque pas de l'initiative prise par Uthman. Au contraire, il poursuit dans la même ligne lorsqu'il dit :

" Avec le R.P Boismard, il faut regretter la disparition d'une prodigieuse somme de littérature déclarée apocryphe par l'Eglise car elle avait un intérêt historique. " (sic) (13)

Le Dr. Maurice Bucaille " regrette avec R.P Boismard, " la disparition d'une prodigieuse somme de littérature déclarée apocryphe ", mais il n'est pas le moins du monde chagriné par l'initiative de Uthman de faire un autodafé de tous les premiers exemplaires du Coran ; il ne juge même pas utile de mentionner ce fait ! Il glisse allègrement par-dessus par cette expression " PRECAUTIONS TOUTES PARTICULIERES " (¿¿¿)

Jésus a dit :

" Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l'oeil de ton frère, et ne remarques-tu pas la poutre qui est dans ton oeil ? " (Matthieu 7.3).

Ecarter certains textes, même de " façon brutale " pour reprendre l'expression du Dr. Bucaille, ne représente somme toute qu'un copeau de bois à côté du " madrier" ou de la " poutre " qu'est l'autodafé des premiers recueils du Coran, recueils constitués par certains des compagnons les plus fidèles de Muhammad.

De plus, il faut noter que les écrits, évangiles ou épîtres, rejetés, que mentionne le Dr. Bucaille et que nous examinerons dans la section D de ce chapitre, contenaient tous, à une exception près, la doctrine de l'Evangile.(14)

L'unique exemplaire original du Coran

L'unique exemplaire original du Coran, constitué sur l'ordre de Abou Bakr, et que Uthman s'était engagé par serment à retourner à Hafsa, fut finalement détruit, lui aussi. Après la mort de Uthman, Marwan, le gouverneur de Médine demanda cet exemplaire à Hafsa. Mais elle refusa de le céder et le conserva jusqu'à sa mort. Cependant Marwan était si décidé à entrer en possession de ce recueil, que sitôt les funérailles d'Hafsa passées, il envoya quelqu'un récupérer cet exemplaire. Cette histoire est rapportée par Ibn Abi Dawud (mort en 316 de l'Hégire) dans son Kitab AI-Masâhif. II fait remonter la chaîne à Salem ibn Abdullah qui a dit :

" Après que nous soyons revenus de l'enterrement de Hafsa, Marwan exprima à Abdullah ben Omar (le frère de Hafsa) sa résolution d'obtenir ces pages ; Abdullah les lui envoya et Marwan ordonna qu'elles fussent déchirées. Il expliqua : J'ai agi ainsi parce que tout ce qui était écrit dans ces pages était sûrement contenu et préservé dans le volume (officiel) et j'étais effrayé à la pensée qu'un jour viendrait peut-être où des gens mettraient en doute cette copie et pourraient prétendre que certaines choses écrites ne figuraient pas dans les pages d'origine."(15)

Avec cette destruction et, plus tard celle de l'exemplaire de Ibn Mas`ud à Kufa, toutes les sources primitives avaient disparu, sans qu'aucune copie n'en ait été faite. Pendant les deux ou trois premiers siècles de l'Hégire, c'est-à-dire pendant la période dite période de réflexion initiale (ijtihad ), ceux qui enseignaient le Coran exprimaient leur préférence pour telle version des compagnons du Prophète plutôt que telle autre. Mais cette pratique devint si intolérable pour l'orthodoxie, qu'une autorité coranique aussi éminente que le célèbre savant de Bagdad Ibn Shanabudh (245-328 de l'Hégire) fut contrainte de faire une abjuration publique de l'emploi qu'il avait fait de la lecture des anciens codex.(16)

Le Dr. Bucaille a maintes fois répété que les chrétiens ont altéré, changé et maltraité l'Evangile. Si c'était le cas, que dire alors d'Uthman et de ses collaborateurs ? Et de Marwan ? N'ont-ils pas maltraité et altéré le Coran en faisant de lui ce qu'il leur plaisait ?

De même que nous avons présenté un diagramme présentant les origines des quatre Evangiles, ainsi nous donnons ci-après un diagramme qui schématise l'origine et la transmission du Coran, telles que nous les ont rapportées les hadiths évoqués précédemment.
Diagramme 2: La formation du Coran

Nous aurions pu compliquer ce schéma en y incluant d'autres codex , comme celui de Abou Musa Al-Ash`ari qui était en usage à Bassora, mais l'essentiel y figure. Ce diagramme révèle de nombreux parallèles entre la formation de l'Evangile et celle du Coran.

J'en reviens à ma première question : COMMENT SAVEZ-VOUS que le Coran que vous possédez est absolument identique à celui donné par Muhammad ?

Conclusion

Si les musulmans CROIENT qu'il n'y a eu aucune modification de quelque importance dans les doctrines du Coran, bien que celui-ci ait été " maltraité " et amputé de ses preuves par Uthman, de quel droit peut-on prétendre que l'Evangile ne contient pas les vérités essentielles concernant Jésus ?

Les musulmans devront chercher ailleurs les raisons du désaccord entre l'Evangile-Nouveau Testament et le Coran, apparu 600 ans plus tard. Accuser, à la légère, les chrétiens d'avoir altéré l'Evangile constitue un postulat de base qui ne repose sur aucune preuve formelle.

Les chrétiens souscrivent de tout leur coeur à l'idée exprimée dans la Sourate de Jonas (Yunus) 10.64, de la période mecquoise tardive :

" Pas de modification aux paroles de Dieu ", ou selon la traduction de D. Masson :

" Il n'y a pas de changement dans les Paroles de Dieu ".

 

 


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1. Une bonne partie des arguments développés dans cette section sont puisés dans l'ouvrage Materials of the Text of the Qur'an, de Arthur Jeffery, E.J.Brill,Leyden, 1937 [retourner au texte]

2. Commentaire de Tabari, I,20 [retourner au texte]

3. Mishkat,p185. Bukhariattribue ce récit à Anas ibn Malik. [retourner au texte]

4. Tacite, Annales,XV,44,Coll. Des Universités de France, trad. H. Goelzer. Tacite est né en 52-54 et fut gouverneur de l'Asie en 112 [retourner au texte]

5. Les documents du NT: peut-on s'y fier? F.F.Bruce, éd. Télos,p43. [retourner au texte]

6. Albright, Recent Discoveries in Bible Lands, Funk and Wagnalls, New York, 1955, p136 [retourner au texte]

7. Robinson, Redating the New Testament, Londres: SCM Press,1976. [retourner au texte]

8. Commentaire de Tabari, I,20 [retourner au texte]

9. Ibn Abi Dawud (mort en 316 de l'Hégire/928 de l'ère chrétienne) Kitab al-Masahif, copié à la main par Arthur Jeffery à partir d'un manuscrit de la Bibliothèque Zahiriya de Damas (Hadith No. 407),p.25, reproduit dans Materials for the History of the Text of the Qur'an, Arthur Jeffery, E.J.Lzyden, 1937. [retourner au texte]

10. Tabari,I,2952,10;516,5. [retourner au texte]

11. Bucaille, L'Homme, p163. [retourner au texte]

12. Bucaille, La Bible, le Coran et la Science,p85. [retourner au texte]

13. Ibid., p85. [retourner au texte]

14. L'Evangile de Barnabas constitue l'exception. Cet évangile contredit 20 fois le Coran, désigné Muhammad comme Messie à sept reprises, comporte de graves erreues scientifiques, plus de 30 erreurs d'histoire, de géographie, de coutumes sociales , de coutumes relmigieuses et de langage religieux qu'aucun juif du premier siècle n'aurait commises. Cet Evangile a sans doute été écrit entre 1500 et 1600, manifestement comme un faux délibéré. Pour plus amples détails, se reporter à mon ouvrage L'Evangile de Barnabas, sa valeur réelle, William F.Campbell, 1989. [retourner au texte]

15. Ibn Abi Dawud, p24-25, reproduit dans Jeffery, op.cit. [retourner au texte]

16. Jeffery, op.cit.,p9. [retourner au texte]