Jésus : prophète et Messie (suite)

Dans le chapitre précédent, nous avons commencé à imaginer comment un juif de la Palestine du premier siècle pouvait avoir la certitude que Jésus , le fils de Marie, était bien un prophète et le « messie » ; nous avons pris conscience qu'il y avait une grande différence entre la venue de Jésus et celle d'autres prophètes. La nation juive croyait déjà que Dieu allait lui envoyer un prophète revêtu d'une onction particulière, un oint, un « messie ».

En examinant les prophéties de la Torah-Ancien Testament, nous avons appris que ce « messie » serait un descendant du roi David, qu'il naîtrait à Bethléem, qu'il accomplirait des miracles retentissants, et qu'il serait appelé « juste » et « saint » dans la pleine acception des termes.

Une révélation complémentaire a été communiquée au prophète Esaïe qui décrivit cet enfant différent des autres de la manière suivante :

« Car un enfant nous est né... On l'appellera Admirable, Conseiller, Dieu Puissant, Père éternel, Prince de la paix. Renforcer la souveraineté et donner une paix sans fin au trône de David et à son royaume. L'affermir et le soutenir par le droit et par la justice dès maintenant et à toujours » (Esaïe 9.5-6).

Le peuple juif croyait que ce « messie » particulier régnerait avec une justice telle qu'elle s'apparenterait à une justice divine, conformément à la prophétie de Jérémie, écrite 600 ans av. J -C. en ces termes :

« Voici que les jours viennent - oracle de l'Eternel - où je susciterai à David un germe juste ; il régnera en roi et prospérera ; il pratiquera le droit et la justice dans le pays. En son temps Juda sera sauvé, Israël aura la sécurité dans sa demeure. Et voici le nom dont on l'appellera : l'Eternel notre justice » (Jérémie 23.5-6).

Afin de mieux comprendre la situation lors de la venue de Jésus , imaginons l'anecdote suivante, qui aurait pu être vécue par un juif du 1 °r siècle. Si Elias et sa femme sont des personnages imaginaires créés pour fixer les idées, les événements de notre anecdote sont historiques et tirés de l'Evangile. Il en est de même des paroles de Jésus que nous citons. Pour distinguer ces éléments historiques des autres, nous les placerons entre des apostrophes.

Elias vit en Palestine occupée. Les soldats romains, l'occupant détesté , sont partout. Le pays est souillé par ces idolâtres, qui font des processions en promenant leurs divinités ou les aigles impériales de leur régiment. Les juifs, blessés dans leur dignité et offensés dans leur piété monothéiste , soupirent après la venue du Messie, le Roi promis par les prophètes du passé. Ils espèrent que par sa puissance et ses pouvoirs miraculeux, ce chef charismatique les délivrera de ces païens corrompus.

Mais une question les préoccupe. Lorsque se présentera un homme qui prétend être le Messie, comment sauront-ils qu'il dit vrai ? Comment auront-ils la certitude qu'il est bien le Messie promis par Dieu ?

Car au cours des 100 dernières années, plusieurs sont venus sous le manteau du Messie. Ils ont tenté de rétablir le royaume d'Israël à la force de leurs épées, et ils ont tous été tués ainsi que ceux qui les avaient suivis1.

Les juifs sont donc devenus prudents et veulent avoir la garantie totale que celui qui prétendra être le « Messie promis » est réellement « LE MESSIE » , avant de courir le risque de le suivre, au péril de leur vie. L'histoire suivante raconte comment notre ami Elias résolut ce problème.

Le commencement

Je m'appelle Elias, et j'habite avec ma femme, dans la ville de Naïn, distante de Nazareth d'environ 8 km. Depuis trois ou quatre ans, nous entendons des histoires étranges. Un rabbi ferait, dit-on, des miracles à Capernaüm. Notre voisine, une pauvre veuve qui vit seule avec son fils unique, a un cousin qui demeure à Capernaüm. Elle nous a raconté l'histoire suivante :

Mon cousin Abdias se rendit un samedi matin à la synagogue pour l'office hebdomadaire. Il y avait ce jour-là un visiteur de Nazareth, un homme très différent des autres. Après l'avoir entendu, les auditeurs étaient frappés de son enseignement, car il parlait comme quelqu'un qui a de l'autorité 2, comme s'il connaissait Dieu personnellement. Quand il eut fini de parler, `un homme qui avait un esprit de démon impur, s'écria d'une voix forte : Hé ! Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Tu es venu pour nous perdre. Je sais qui tu es : le Saint de Dieu !'

Chacun fut curieux de savoir ce qui allait se passer. Soudain ce rabbi qu'on on appelait Jésus, se leva et dit sur un ton menacant qui en disait long sur sa résolution :

`Tais-toi, et sors de cet homme ! L'esprit impur sortit de cet homme dans une convulsion et en poussant un grand cri'.

Mon cousin me dit que la synagogue entra en effervescence. Plus de 200 personnes étaient là, et toutes se mirent à parler en même temps. Certains étaient en larmes et embrassaient chaleureusement l'homme qui venait d'être guéri. Quelques-uns cependant, il est vrai, étaient irrités et agacés, parce que l'esprit avait qualifié ce rabbi de `Saint de Dieu'. La plupart des présents étaient simplement étonnés et ne cessaient de répéter : `Qu'est-ce que ceci ? Une nouvelle doctrine - et délivrée avec autorité ? Il ! commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent ' (Marc 1.22-27).

Abdias, mon cousin, prétend qu'il y a encore mieux ! Un de ses meilleurs amis, un pêcheur du nom de Simon Pierre, était allé pêcher avec son frère André. Ils étaient restés toute la nuit en mer, sans prendre un seul poisson. C'est alors que ce même rabbi, ce Jésus, s'avança, à la tête d'une foule d'une centaine de personnes environ et demanda à Pierre de le laisser monter à bord de sa barque, d'où il voulait s'adresser à la foule. `Lorsqu'il eut cessé de parler, il dit à Simon : Avance en eau profonde, et jetez vos filets pour pêcher'.

D'après Abdias, Simon avait l'air un peu vexé. N'est-il pas l'un des meilleurs pêcheurs de tout le lac de Galilée ? Et pourtant, cette nuit-là, il n'avait rien pris. C'était quand même un comble ! Un rabbi qui commençait à lui donner des leçons de pêche ! Mais comme il ne voulait pas offenser un maître religieux, il dit :

`Sur ta parole, je jetterai les filets'.

`L'ayant fait, ils prirent une grande quantité de poissons, et leurs filets se rompaient'. Ils durent faire appel à leurs compagnons, dans l'autre barque, et remplirent tant les deux embarcations qu'elles s'enfonçaient ! (Luc 5.3-6)

Comme il y avait tellement de poissons, mon cousin décida de donner un coup de main à Pierre et André pour porter le poisson jusqu'à leur maison. En arrivant à la demeure de Pierre, ils virent que `la belle-mère de Simon était couchée, car elle avait de la fièvre'. Pierre avait invité le rabbi à rester pour le repas. Il était un peu embarrassé par la maladie de sa belle-mère, mais quelques personnes vinrent `parler d'elle à Jésus. Il s'approcha, la saisit par la main et l'aida à se lever. La fièvre la quitta', aussi simplement que je vous le dis, `et elle se mit à les servir' (Marc 1.30-31 ). Ainsi, outre le miracle opéré dans la synagogue, cela faisait deux autres miracles auxquels mon cousin venait d'assister, au cours d'une même journée. Et ce n'était pas tout !

`Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amena tous les malades et les démoniaques. Et toute la ville était rassemblée devant la porte. Jésus guérit beaucoup de malades qui souffraient de divers maux. I1 chassa aussi beaucoup de démons, mais il ne laissait pas les démons parler, parce qu'ils le connaissaient' (Marc 1.32-34).

Je ne suis jamais allée à Capernaüm ; d'après Abdias, la ville est sensiblement de la même importance que Naïn ; elle doit avoir environ 4000 habitants. Pour mon cousin, il y avait sans doute près de 500 personnes devant la porte. Presque chaque famille de la ville avait amené un de ses membres malades ; Abdias pense que 50 malades ont ainsi été guéris ce soir-là. Partout, dans Capernaüm, on entendit dire : `Jamais rien de semblable ne s'est vu en Israël !' (Matthieu 9.33).

Mort et puis vivant !

Notre voisine est bien gentille, mais elle a tendance à parler beaucoup ; c'est pourquoi ma femme et moi, nous pensons qu'il y a dans ses propos à prendre et à laisser. Mais d'autres récits similaires nous venaient d'autres endroits de la Galilée. Puis, un jour, ça a été le choc de notre vie ! Le fils de notre voisine mourut.

Il toussait depuis bien des années, et puis cette nuit, son état empira. Malgré les médicaments, les potions et les herbes qu'elle lui administra, on sentait bien que c'était la fin. Elle était écrasée de douleur, d'autant plus qu'elle n'avait que ce seul fils.

Nous partagions sa peine, mais nous ne savions que faire pour elle, hormis d'aller à l'enterrement. Le jour des funérailles, un homme lut quelques paroles, puis nous nous sommes dirigés vers le cimetière. C'était une femme vraiment pauvre, et nous n'étions pas très nombreux - peut-être cinquante personnes - à l'accompagner. Bien que je ne sois plus aussi fort que je l'étais autrefois, je pris mon tour pour porter le cercueil.

Au moment où nous quittions les dernières maisons de la ville nous aperçûmes en face de nous, une foule considérable qui se dirigeait vers la ville. D'ordinaire, les gens s'écartent pour laisser passer le convoi funèbre. Mais cette fois-ci, de la foule sortit un homme qui vint droit sur nous. Je ne fis guère attention jusqu'au moment où `il toucha le cercueil'. A son regard, nous avons compris que nous devions nous arrêter. Il dit : `Jeune homme, je te le dis, lève-toi !'

Vous me croirez ou non, mais `le mort s'assit et se mit à parler !' Nous en avions le souffle coupé. Alors on entendit les gens murmurer : C'est Jésus de Nazareth ! Nous avons aidé le jeune homme à descendre et l'avons débarrassé du linceul. Alors `Jésus le rendit à sa mère' (Luc 7.14-15).

Après quelques instants de silence dû à l'effet de surprise, les gens commencèrent à crier et à louer Dieu. Jamais vous n'avez vu pareille chose ! De joie, je criai, je sautai en remuant mes bras dans tous les sens ! J'embrassai trois fois la mère si heureuse, et cinq fois le fils. J'avais envie de dire quelque chose à Jésus, ou de lui donner une tape amicale sur l'épaule, en signe de reconnaissance, mais le courage me manqua. Comment oserais je taper, même amicale­ment, sur l'épaule d'un rabbi?

Puis, tout-à-coup, il prononça quelques mots à l'intention de ses disciples et, empruntant avec eux un chemin transversal, il disparut.

Quelques mois plus tard...

Quelque temps plus tard, ma femme et moi avons décidé de tirer cette chose au clair. Nous avions deux raisons à cela. La première était médicale ; la mère de ma femme souffrait d'arthrite. Cela nous faisait de la peine de la voir avancer si péniblement chaque fois qu'elle se déplaçait. Il nous était venu à l'idée que Jésus pourrait peut-être intervenir en sa faveur, et la mettre, elle aussi , au bénéfice de son pouvoir miraculeux de guérison.

La deuxième raison m'était plus personnelle. Et c'était aussi la véritable raison. Je voulais me faire ma propre opinion sur ce qu'il disait. Des bruits qui circulaient laissaient entendre qu'il allait être roi ; mais des témoins rectifiaient en disant qu'il parlait bien d'un royaume, mais que c'était le « royaume de Dieu » et que ce royaume était intérieur à l'homme. Alors je me suis dit que s'il était réellement « LE MESSIE », il fallait que j'en aie le coeur net.

Aussi, dès que les beaux jours revinrent, je confiai à mon frère le soin de traire mes deux vaches et mes chèvres, nous avons loué une charrette pour transporter aussi confortablement que possible ma belle-mère, et nous nous sommes mis en route. Nous avons passé la première nuit à Capernaüm, chez Abdias, le cousin de notre voisine. Il connaissait bien Pierre et André, deux des disciples de Jésus.

Il nous fallut ensuite un autre jour pour nous rendre à Bethsaïda, une ville sur le littoral Nord-Est du lac de Galilée. Le voyage était particulièrement éprouvant pour ma belle-mère ; nous devions nous arrêter souvent pour lui permettre de se reposer. Heureusement que nous pouvions emprunter les routes romaines ! Autrement, c'eût été une expédition encore bien plus périlleuse. Je déteste les Romains, mais je dois néanmoins admettre qu'ils ont construit de bonnes routes.

Le rabbi était alors en tournée dans la région située de l'autre côté du Jourdain. Plusieurs groupes de personnes allaient dans cette direction ; cela nous rassura, nous n'étions pas égarés. Vers le milieu de la matinée du troisième jour après notre départ, nous sommes arrivés au milieu d'une foule immense. Nous nous sommes assis sur les pentes d'une colline, d'où nous pouvions entendre distinctement Jésus enseigner.

* * * Son Message (Ma troisième Sourate) * * * 3

Les premières paroles qui frappèrent mon attention concernaient le jeûne. Je l'entendis déclarer :

`Lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air triste, comme les hypocrites ; ils se rendent le visage tout défait pour montrer aux hommes qu'ils jeûnent. En vérité, je vous le dis, ils ont reçu leur récompense. Mais toi, quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage, afin de ne pas montrer aux hommes que tu jeûnes, mais à ton Père qui est là dans le lieu secret, et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra'.

Puis il enseigna ce qui devait être la chose la plus importante de la vie :

`Ne vous amassez pas de trésors sur la terre, où les vers et la rouille détruisent et où les voleurs percent et dérobent, mais amassez des trésors dans le ciel, où ni les vers ni la rouille ne détruisent et où les voleurs ne percent ni ne dérobent. Car là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur.'

`Nul ne peut servir deux maîtres ; car ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon' (Matthieu 6.16-24).

Puis il fit une pause et se mit à déambuler au milieu de la foule. Cela dura environ vingt minutes. Il guérit des personnes malades et chassa des démons. Certains de ces démons le reconnaissaient et lui attribuaient des noms étranges. Je me souviens que l'un d'eux s'adressa à lui comme au `Fils du Très-Haut' (Marc 5.7).

Au bout de ces vingt minutes, il reprit sa place et poursuivit ainsi :

`Ne jugez pas, afin de ne pas être jugés. C'est du jugement dont vous jugez qu'on vous jugera, de la mesure dont vous mesurez qu'on vous mesurera. Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l'oeil de ton frère, et ne remarques-tu pas la poutre qui est dans ton oeil ? Ou comment dis-tu à ton frère : Laisse-moi ôter la paille de ton oeil alors que dans ton oeil il y a une poutre ? Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton oeil, et alors tu verras comment ôter la paille de I'oeil de ton frère' (Matthieu 7.1-5).

La journée se déroula ainsi, en partie à écouter ses enseignements, en partie à être témoins des guérisons qu'il opérait4. Vers trois heures de l'après-midi, il vint dans notre direction. Il avait le même regard perçant et compatissant à la fois que je lui avais découvert le jour où iI avait ressuscité le fils de notre voisine. Il allait d'un malade à un autre. Puis il vint vers ma belle-mère. Il se pencha, saisit sa main et lui dit :

`Viens, femme, lève-toi !' 5

Elle se leva d'un bond, avec l'énergie et la spontanéité d'une jeune fille de 18 ans. Pendant une minute, elle se mit à remuer ses jambes et ses bras, à faire bouger ses doigts, puis elle rendit gloire à Dieu. Alors, elle se mit à courir derrière lui, en sautant et en criant de joie, et alla le remercier. Quand elle arriva auprès de lui, il se retourna et lui dit, comme il l'avait déjà si souvent répété aux autres malades guéris : `Ta foi t'a sauvée' (Marc 5.34).

Parfois il lui arrivait de déclarer à telle personne guérie : `Voici , tu as retrouvé la santé, ne pèche plus de peur qu'il ne t'arrive quelque chose de pire' (Jean 5.I4). C'est comme s'il connaissait le passé de cette personne et comme si sa maladie était une conséquence de ses péchés.

I1 enseigna encore beaucoup d'autres vérités ce jour-là. Je vous en ai déjà livrées quelques-unes. Je me souviens qu'il avait encore parlé de la prière :

`Demandez et l'on vous donnera, cherchez et vous trouverez frappez et l'on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit, celui qui cherche trouve et l'on ouvrira à celui qui frappe. Quel homme parmi vous donnera une pierre à son fils s'il lui demande du pain ? Ou s'il lui demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent ? Si donc, vous qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent.'

Il nous a aussi appris que lorsque telle situation n'était pas envisagée dans la loi, il fallait appliquer le principe suivant : `Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous , vous aussi, faites-le de même pour eux, car c'est la loi et les prophètes.'

Il nous a aussi avertis que pour s'engager dans le chemin de Dieu, il fallait être prêt à faire des efforts. II a comparé l'entrée sur ce chemin à une porte :

`Entrez par la porte étroite, car large est la porte et spacieux le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là. Mais étroite est la porte et resserré le chemin qui mènent à la vie, et il y en a peu qui le trouvent.'

Il nous a encore mis en garde contre les faux prophètes :

`Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous comme des brebis, mais au-dedans ce sont des loups ravisseurs. Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des épines , ou des figues sur des chardons ? Tout bon arbre porte de bons fruits, mais le mauvais arbre porte de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits. Tout arbre qui ne produit pas de bons fruits est coupé et jeté au feu. C'est donc à leur fruit que vous les reconnaîtrez.'

Ensuite il eut des paroles sévères :

`Quiconque me dit : Seigneur ! Seigneur ! n'entrera pas forcément dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Beaucoup me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur ! N'est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé, en ton nom que nous avons chassé des démons; en ton nom que nous avons fait beaucoup de miracles ? Alors je leur déclarerai : Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité.'

Il conclut son ensemble de propos en racontant une parabole. Il y avait deux hommes. L'un construisit sa maison sur du sable, l'autre sur du roc. Lors d'une tempête, la maison bâtie sur le sable s'écroula, tandis que celle qui était sur le roc résista. Quand il eut terminé cette histoire, il ajouta simplement :

`Quiconque entend de moi ces paroles et les met en pratique sera semblable à l'homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc... Mais quiconque entend de moi ces paroles et ne les met pas en pratique sera semblable à l'homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable' (Matthieu 7.7-26).

Toute la journée, il avait enseigné avec une grande autorité, et non comme les chefs religieux habituel qui se contentaient de répéter ce que tel ou tel Rabbi avait enseigné.

Un restaurant extraordinaire !

Vers la fin de cette même journée, la foule commençait à manifester des signes de fatigue, et les enfants s'impatientaient, pleuraient et couraient en tous sens. Il ne restait plus rien de la nourriture que nous avions emportée pour le repas de midi. Nous commencions à faire les préparatifs pour reprendre le chemin du retour, quand nous avons entendu Jésus interroger un de ses disciples du nom de Philippe :

`Ou achèterons-nous des pains pour que ces gens aient à manger ?'

`Philippe lui répondit : Les pains pour deux cents deniers (ou huit mois de salaire) ne suffiraient pas pour que chacun en reçoive un peu.'

`Un autre de ses disciples, André, frère de Simon Pierre lui dit : Il y a ici un jeune garçon qui à cinq pains et deux poissons.' `Jésus dit : Faites asseoir ces gens' (Jean 6.5-9).

L'emplacement était bien choisi, car il y avait beaucoup d'herbe. Nous nous sommes assis `par rangées de cent et de cinquante' (Marc 6.40). J'ai rapidement compté les rangées : au moins cent rangées de cinquante ! Nous étions plus de 5 000 personnes !

`Jésus prit les pains, rendit grâce et les distribua à ceux qui étaient là ; il en fit de même des poissons, autant qu'ils en voulurent.' Nous avons été rassasiés.

Jamais, je n'avais assisté à quelque chose de comparable ! Un vrai miracle ! Pour ma part, j'ai mangé une miche entière et six poissons ! Pourtant, il n'y avait, au départ, que deux poissons et cinq pains ! Incroyable !

Une fois le repas terminé, `ils rassemblèrent les morceaux qui restaient et remplirent douze paniers.'

Ces gens, à la vue du miracle que Jésus avait fait, disaient : Vraiment, c'est lui le prophète qui vient dans le monde ! et ils étaient sur le point de l'enlever pour le couronner roi sur-le-champ, mais il refusa (Jean 6.11,13-15).

Jésus choisit ce moment pour nous enseigner une autre leçon, avec des mots qui résonnaient étrangement à nos oreilles :

`Moi, je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n'aura jamais faim, et celui qui croit en moi n'aura jamais soif... car je suis, descendu du ciel pour faire non ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé... Voici, en effet, la volonté de mon Père : que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour' (Jean 6.35,38,40).

Il nous fallut partir, dès que Jésus eut fini de parler. Mais maintenant que la belle-mère était guérie, nous n'étions plus obligés de freiner l'allure de nos bêtes, et nous avons effectué le trajet de retour en un jour et demi. Mais quelle expérience !

Que de questions !

Malgré tout ce que j'ai vu et entendu, ma tête fourmille de questions ! Ce sont des questions d'importance vitale, et je ne sais quelle réponse leur apporter. Quand Jésus appelait Dieu « son Père», que voulait-il réellement dire ?

Certes, au Psaume 68 David décrit Dieu comme « le père des orphelins et le défenseur des veuves» ; il est vrai que Dieu avait autrefois appelé Abraham « mon ami » (Esaïe 41.8). La relation que Jésus entretenait avec Dieu serait-elle de la même nature ?

Or quand Jésus parle de Dieu, on sent qu'il existe une réelle intimité entre lui et Dieu. Il parle constamment de lui comme « son Père » ; il va même plus loin en affirmant, a notre intention : `A combien plus forte raison votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent'. Il nous a même appris à prier Dieu ainsi : `Notre Père qui es aux cieux'. Je dois évidemment reconnaître que ce serait très réconfortant de penser que Dieu s'intéresse à nous comme le ferait un père humain, mais concevoir une telle pensée, n'est-ce pas déjà un blasphème ?

Il a encore affirmé : `Je suis descendu du ciel'. Cela voulait-il dire qu'il était auparavant au ciel avec Dieu ? Qui peut croire pareille chose ? Puis il a été plus loin en affirmant : `Beaucoup me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur... Je leur dirai : Je ne vous ai jamais connus.' Par ces paroles il semble indiquer qu'il détiendra un certain pouvoir au jour du Jugement.

Je suis aussi troublé par ce que m'a rapporté le cousin de notre voisine, lorsque nous avons passé la nuit chez lui, à Capernaüm. Il nous a dit que Jésus se tenait un jour dans une maison et qu'il enseignait beaucoup de personnes réunies dans cette maison. Dans l'auditoire avaient pris place des chefs religieux venus de Jérusalem. Tout à coup, il y eut un bruit étrange, et on vit quatre hommes en train de pratiquer une ouverture sur le toit. Ils avaient un ami paralysé. N'ayant pas réussi à le faire entrer dans la maison, à cause de la foule qui ne voulait pas céder le passage, ils ont eu l'idée de faire descendre le malade par le toit. C'est ainsi que le paralysé fut déposé doucement aux pieds de Jésus.

Les gens avaient déjà pris l'habitude de voir Jésus accomplir des miracles. Ils s'étaient donc dit que Jésus guérirait le malade et poursuivrait son discours. Mais les choses ne se passèrent pas du tout comme ils l'avaient imaginé.

`Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique : Mon enfant, tes péchés te sont pardonnés.'

Abdias ajouta qu'aussitôt après cette parole, on aurait pu entendre les mouches voler ! Lui-même sait lire, il connaît bien la Torah ; aussi, de même que les scribes assis tout près de lui, se mit-il à penser en lui-même :

`Comment celui-là parle-t-il ainsi ? Il blasphème ! Qui peut pardonner les péchés, si ce n'est Dieu seul ?'

Alors Jésus se mit à les regarder, comme s'il avait deviné leurs pensées, et leur dit :

`Qu'est-ce qui est plus facile, de dire au paralytique : Tes péchés sont pardonnés, ou de dire : Lève-toi, prends ton lit et marche ?'

Le cousin de notre voisine poursuivit son récit : « J'allais répondre à Jésus qu'il était sans doute plus facile de guérir le malade, mais, tout à coup je me suis dit qu'il pourrait bien alors ' se tourner vers moi et me demander de guérir le paralytique, si c'était si facile ! C'est pourquoi j'ai préféré garder le silence. »

Comme personne ne répondit à sa question, Jésus leur dit :

`Afin que vous sachiez que le Fils de l'homme a sur terre le pouvoir de pardonner les péchés, il dit au paralytique :

Lève-toi, prends ton lit et va dans ta maison. Et à l'instant, il se leva ; prit son lit et sortit en présence de tous' (Marc 2.5-12).

Que penser de tout cela ? Jésus va jusqu'à affirmer qu'il a le pouvoir de pardonner les péchés ! ! !

Au cas où vous chercheriez à savoir qui est ce « Fils de l'homme », Abdias vous dira que c'est tout simplement un autre nom par lequel Jésus aime se désigner lui-même. Mais cela ne change absolument rien au problème. Comment peut-il pardonner les péchés ?

C'est comme si Jésus venait de leur lancer un défi : « Si je mens , alors Dieu ne me donnera pas le pouvoir de guérir cet homme. Si donc ce malade se lève et se tient sur ses jambes lorsque je le lui commanderai - ce que vous pourrez constater - alors vous saurez que j'ai effectivement sur terre le pouvoir de pardonner les péchés, réalité que vous ne pouvez pas voir de vos yeux. »

Vous avez donc une idée plus exacte du problème qui nous préoccupe, ma femme et moi. Nous en avons fait maintes fois le sujet de nos discussions. Jésus a déclaré qu'il était descendu du ciel, qu'il sera investi d'autorité lors du Jugement Dernier, et qu'il a le pouvoir de pardonner les péchés. Les démons le nomment « Saint de Dieu » et « Fils du Très-Haut » .

Nous pourrions résoudre notre problème en affirmant que tout cela n'est que mensonge et blasphème. Mais comment expliquer alors le retour à la vie du Fils de notre voisine? Car il est aujourd'hui aussi vivant que vous et moi, et de plus, il est guéri de sa toux ! Et ma belle-mère qui s'active, comme elle ne l'avait plus fait depuis longtemps !

Et moi, n'ai je pas réellement mangé ces six fameux poissons nés de la multiplication des deux poissons que possédait un jeune garçon.

Je serais donc tenté de dire qu'il doit être « le Messie promis » , mais alors, pourquoi a-t-il refusé si énergiquement de devenir notre roi ? Le puzzle des questions-réponses n'est pas encore bien en place dans ma pauvre tête !

 

 


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1 D'après la Bible (Actes 5.34=38) et le témoignage d'historiens profanes tels que Josèphe, plusieurs hommes s'étaient levés et avaient chacun prétendu être le " Messie" dans les années qui ont précédé la naissance de Jésus.[retourner au texte]

2 Tous les mots qui sont entre les signes `.....' sont des citations mêmes du Nouveau Testament.[retourner au texte]

3 Tous ces passages sont extraits du Sermon sur la Montagne (Matthieu 5 à 7). J'ai, à la manière du Coran, considéré cette troisième lecture sous la forme d'une Sourate.[retourner au texte]

4 Je pense que Jésus délivrait le même enseignement dans toutes les villes et dans tous les villages qu'il traversait. Je me suis donc senti libre d'inclure dans ce chapitre des paroles et des guérisons que les évangélistes situent à différents endroits et à d'autres moments, et aussi parce que Luc écrit au sujet des 5000 personnes : « Jésus les accueillit, et il parlait du royaume de Dieu ; il guérit aussi ceux qui avaient besoin de guérison »(Luc 9. 11).[retourner au texte]

5 Ce miracle est identique à celui rapporté dans Luc 13.11,13.[retourner au texte]