Jésus : serviteur juste et intercesseur

 

Comme nous l'avons fait pour le Coran, nous allons maintenant étudier la question de l'intercession telle qu'elle est présentée dans la Torah-Ancien Testament et dans l'Evangile-Nouveau Testament. Dans un chapitre précédent, nous avons appris, par la prophétie d'Esaïe qu'un « serviteur juste » capable d'intercéder viendrait. Mais en affirmant que Jésus est apparu comme « serviteur » nous ne faisons que répéter ce que les musulmans croient, eux aussi : Jésus est venu comme serviteur.

Lorsqu'un chrétien mentionne les miracles accomplis par Jésus et les considère comme une preuve - ce second témoin qui atteste bien que son enseignement venait de Dieu - les musulmans rétorquent aussitôt que ces prodiges, Jésus les opérait uniquement « avec la permission de Dieu », et s'empressent d'ajouter que Jésus n'était qu'un serviteur - ou esclave ­(`abd ) de Dieu, au même titre que tout homme. Ils conclurent en s'appuyant sur la déclaration faite par Jésus lui-même, encore bébé dans son berceau, et rapportée dans la Sourate de Marie (Maryam) 19.30, de la période mecquoise intermédiaire :

« Je suis vraiment l'esclave de Dieu (`Abd Allah ). Il m'a apporté le livre et désigné prophète.»

Voici ma réponse à ces affirmations. Le fait que Jésus ait accompli des miracles « avec la permission de Dieu » n'ôte rien à leur valeur de « second témoin ». Ils confirment bien toujours que les paroles et les actes de Jésus avaient leur source en Dieu.

En second lieu, le lecteur sera peut-être étonné de l'apprendre, les chrétiens sont parfaitement d'accord pour reconnaître que durant sa vie terrestre, Jésus a vécu comme un `abd, c'est à dire comme un serviteur ou un esclave de Dieu, même s'ils pensent, avec raison qu'il était - et qu'il est toujours - davantage qu'un serviteur.

Le mot hébreu qui désigne « serviteur » dans l'expression du prophète Esaïe « serviteur juste » est ebed. Les lettres hébraïques qui le composent sont le `ayin, le beth et le daleth, qui correspondent exactement aux lettres arabes `ain, ba et dal. Le mot signifie « esclave » ou « serviteur ». La racine du mot exprime l'idée de « travailler », « servir » et « adorer », comme l'exprime aussi la racine du verbe arabe `abada.

Le mot `Ebed peut être associé aux diverses formes du nom de Dieu , comme c'est aussi le cas dans le nom `Abdallah. Associé au nom EI il donne `Abdiyel ou « esclave de Dieu » ; associé à Yah (qui est la forme abrégée de Yahweh ), il devient `Obadyahweh qui signifie « servant Yahweh ». Ce nom se modifie légèrement pour donner Abdias, en français. C'est le nom porté par l'un des prophètes de la Torah-Ancien Testament.

La prophétie vétéro-testamentaire d'Esaïe révèle donc qu'un « `abd juste » très particulier allait faire son apparition pour accomplir la volonté de Dieu.

Le nom équivalent dans le grec de l'Evangile-Nouveau Testament est doulos. Dieu a inspiré à Paul ces magnifiques paroles de Philippiens 2.7-8 :

« Il s'est dépouillé lui-même, en prenant la condition d'esclave... il s'est humilié lui-même en devenant obéissant jusqu'à la mort, la mort sur la croix. »

Jésus a constamment affirmé qu'il était obéissant en répétant les paroles que Dieu lui avait confiées :

« Car mes paroles ne viennent pas de moi ; mais le Père, qui m'a envoyé, m'a commandé lui-même ce que je dois dire et ce dont je dois parler. Et je sais que son commandement est la vie éternelle. Ainsi ce dont je parle, j'en parle comme le Père me l'a dit » (Jean 12.49-50).

Jésus a aussi affirmé avoir agi comme un serviteur dans toute son activité. Il a dit:

« Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son oeuvre » (Jean 4.34).

 

« Moi, je ne peux rien faire par moi-même : selon ce que j'entends, je juge ; et mon jugement est juste parce que je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé » (Jean 5.30).

 

« Car je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé » (Jean 6.38).

D'après ces versets, Jésus est venu du ciel sur un ordre de Dieu. Tout ce qu il a dit et fait ici-bas, l'a été en parfaite obéissance à la volonté du Père. En tout , il a été un « serviteur juste » - un « `abd juste ».

Mais il s'est aussi fait le serviteur (`abd) des hommes. Voici, à cet égard, ce que Paul écrit, sous l'inspiration de Dieu :

« Je dis, en effet, que le Christ est devenu serviteur (doulos) des circoncis (juifs) pour prouver la véracité de Dieu, en confirmant les promesses faites aux pères (Abraham et Isaac) tandis que les païens (les non juifs) glorifient Dieu pour sa miséricorde... » (Romains 15.8).

En d'autres mots, Jésus s'est comporté en serviteur (ou `abd ) de Dieu en devenant aussi notre serviteur, que nous soyons juifs ou non. Jésus n'a-t-il pas déclaré lui-même :

« Car le Fils de l'homme est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup » (Marc 10.45).

En poursuivant notre investigation, nous serons confrontés à des textes qui , disent très clairement qu'il n'a jamais commis de péché.

Dans Jean 8.28-29, Jésus affirme :

« ... je ne fais rien de moi-même, mais je parle selon ce que le Père m'a enseigné... , Il ne m'a pas laissé seul parce que moi, je fais toujours ce qui lui est agréable .»

Un peu plus loin, au verset 46, après avoir mécontenté ses auditeurs en les taxant' d'être des « fils du Diable », Jésus leur pose la question :

« Qui de vous me convaincra de péché ? »

Après la résurrection de Jésus, Pierre n'a pas hésité à le qualifier de :

«  Saint et Juste que vous les juifs avez renié » (Actes 3.14 ).

Attribuer l'adjectif « Juste » à Jésus n'a en soi rien d'exceptionnel, puisque bien d'autres hommes et d'autres prophètes ont été appelés ainsi. Il n'en est pas de même de l'adjectif « Saint ». La Bible et le Coran réservent l'emploi de ce mot à un être sans péché, tel que Dieu.

Luc raconte que Gabriel s'est servi de cet adjectif pour l'appliquer à 1'enfant dont il annonçait la naissance à Marie :

« Le Saint Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre. C'est pourquoi le saint enfant qui naîtra sera appelé Fils de Dieu » (Luc 1.35).

Bien qu'il emploie un mot différent, le Coran souscrit pleinement à cette annonce. C'est ce qui ressort de la Sourate de Marie (Maryam) 19.19,de la période mecquoise intermédiaire qui rapporte les paroles de l'ange en ces termes :

« Je suis un messager de ton Seigneur pour te faire don d'un (Ghulâman zakïyan )

garçon pur (Hamidullah),

fils pur (Ed. Montet),

garçon pur (D. Masson),

fils saint (Yusuf Ali, anglais),

fils sans défaut (Pickthall, anglais).

Comme l'a si admirablement résumé un de mes amis, « Jésus est le seul prophète qui n'a pas eu besoin de demander pardon pour lui-même »

L'auteur de la lettre aux Hébreux s'est beaucoup penché sur la personne de Jésus Christ. Il décrit Jésus comme un grand-prêtre :

« ... qui a été tenté comme nous à tous égards, sans commettre de péché » (Hébreux 4.15).

Plus loin, toujours sous l'inspiration de Dieu, il ajoute :

« Mais lui, Jésus, parce qu'il demeure éternellement, possède le sacerdoce non transmissible... C'est bien un tel souverain sacrificateur qui nous convenait : saint, innocent, immaculé, séparé des pécheurs, et plus élevé que les cieux » (Hébreux 7.24,26).

Et, en Hébreux 9.14 :

« Combien plus que le sang du Christ - qui par l'Esprit éternel s'est offert lui-même sans tache à Dieu - purifiera-t-il notre conscience des oeuvres mortes . »

Voici encore le témoignage de Pierre, un témoin oculaire qui a vécu quelques années avec Christ :

« Vous qui avez été rachetés... par le sang précieux de Christ, comme d'un agneau sans défaut et sans tache » (1 Pierre 1.18b-19).

Nous en concluons que Jésus était sans péché ce qui modifie toutes les données du problème. Le Coran déclare que « personne ne portera le port (fardeau) d'un autre ». Qu'en est-il de quelqu'un qui n'a pas à porter son propre fardeau ? D'un prophète sans péché ? D'un intercesseur parfait ?

Les versets coraniques que nous avons cités dans les chapitres I de la première section et V de la sixième section n'envisagent jamais une telle possibilité. Mais la Bible, elle en parle, et abondamment. Nous allons donc examiner tous les versets bibliques qui traitent de l'intercession.

L'intercession (shafa`a ) en faveur des croyants par le Messie sans péché Dans un chapitre précédent, nous avons évoqué les prophéties relatives à un serviteur souffrant. Nous allons revenir sur deux de ces prophéties qui parlent de l'intercession par « le bras de l'Eternel » - un « serviteur juste ».

Le premier texte rapporte que n'ayant pas trouvé d'intercesseur, l'Eternel intercéderait par « son bras ». C'est ce qu'écrit Esaïe environ 750 ans avant la venue du Christ.

« Il voit qu'il n'y a pas un homme.

Il est désolé de ce que personne n'intercède ;

Alors son bras lui vient en aide

Et sa justice lui sert d'appui. » (Esaïe 59.16)

Au chapitre IV de la présente section nous avons reproduit le passage suivant du prophète Esaïe, en relation avec l'idée du messie qui devait souffrir. Nous allons le mentionner à nouveau, mais dans la perspective de l'intercession par « le bras de l'Eternel ».

« ... A qui le bras de l'Eternel s'est-il révélé ?

Homme de douleur

Et habitué à la souffrance...

Mais il a été transpercé à cause de nos crimes,

Ecrasé à cause de nos fautes ;

Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui

Et c'est par ses meurtrissures que nous sommes guéris...

Par la connaissance qu'ils auront de lui

Mon serviteur juste justifiera beaucoup d'hommes

Et se chargera de leurs fautes...

Parce qu'il s'est livré lui-même à la mort

Et qu'il a été compté parmi les coupables,

Parce qu'il a porté le péché de beaucoup

Et qu'il a intercédé pour les coupables. » (Esaïe 53.1,3,1 lb, 12b)

Ces versets révèlent qu'un homme désigné sous le nom de « bras de l'Eternel » doit venir. Il souffrira et sera transpercé à cause de nos transgressions. Il subira un châtiment qui nous procure la paix. Il se livrera lui-même à la mort. Et il intercédera pour les coupables.

Cette annonce prophétique de la venue d'un intercesseur a été faite quelque 750 ans avant la naissance du Christ. La photo 8 (voir Livre chapitre IV de la présente section) montre le texte en question. Le manuscrit photographié est antérieur d'au moins 100 ans à la naissance du Christ.

Quelqu'un a-t-il accompli cette prophétie ?

Nous avons vu précédemment que Jésus était sans péché. Par conséquent, sa mort sur la croix ne pouvait être un châtiment pour son propre péché ! L'Injil affirme qu'il est mort pour subir le châtiment de nos péchés, ce dont Dieu a donné une preuve éclatante en le ressuscitant d'entre les morts. Ceux qui meurent à cause de leurs propres péchés restent morts jusqu'au jour du jugement.

Ce que l'Evangile-Nouveau Testament déclare par les mots suivants :

«Celui qui n'a pas connu le péché, Dieu l'a fait péché pour nous » (2 Corinthiens 5.21), pourrait bien être rendu ainsi dans un langage coranique : « Jésus, qui n'avait pas de fardeau a porté notre fardeau. »

Ensuite, il est monté au ciel et se tient vivant en présence de Dieu pour intercéder en notre faveur, comme le déclare le passage de la lettre aux Hébreux :

« C'est pour cela qu'il peut sauver parfaitement ceux qui s'approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur. C'est bien un tel souverain sacrificateur qui nous convenait : saint, innocent, immaculé, séparé des pécheurs, et plus élevé que les cieux » (Hébreux 7.25-26).

Romains 8.34 confirme la même vérité :

« Le Christ-Jésus est celui qui est mort ; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous ! »

Voici encore un verset qui appuie ce privilège :

« Mes petits enfants, je vous écris ceci, afin que vous ne péchiez pas. Et si quelqu'un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus Christ le juste. Il est lui-même victime expiatoire pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier » (1 Jean 2.1-2).

Le Saint Esprit, le Paraclet comme Intercesseur

Il y a encore une autre personne qui intercède. Dans l'Evangile Nouveau Testament, Dieu nous rassure : lorsque nous ne savons pas pour quoi prier ni comment prier, le Saint Esprit intercède pour nous par des soupirs, c'est-à-dire des prières qui ne peuvent s'exprimer par des mots.

« De même aussi l'Esprit vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas ce qu'il convient de demander dans nos prières. Mais l'Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables ; et celui qui sonde les coeurs connaît quelle est l'intention de l'Esprit : c'est selon Dieu qu'il (l'Esprit) intercède en faveur des saints » (Romains 8.26-27).

Ces versets contiennent des vérités claires : nous savons et croyons que Jésus le Messie, le Verbe Eternel de Dieu (Kalimat Allah ) et le Saint Esprit Eternel sont à nos côtés et intercèdent en notre faveur auprès du Père, aujourd'hui comme tous les jours de notre vie.

Et demain, au jour du jugement, ce jour grand et redoutable, aucun chrétien n'aura à se tenir seul, sans ami ni intercesseur, devant la présence majestueuse de Yahweh Elohim, l'Eternel Dieu. Car Jésus, le juste `abd, l'ami des pécheurs sera là en ce jour de la résurrection et intercédera en faveur de toute personne qui l'aura accepté comme Sauveur personnel.

C'est écrit ainsi dans l'Injil, l'Evangile-Nouveau Testament, dans lequel il n'y a aucune place à l'incertitude et au changement.

Riches de tout l'enseignement acquis et accumulé depuis le début de ce livre, retournons rendre, une fois de plus, visite à Elias, notre ami de Naïn.

 

 


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