Chacun dans sa propre langue

 

Nous nous sommes donc rendus à Jérusalem. Quels merveilleux moments nous avons passés ! Depuis ce voyage, je ne suis plus le même homme. Je vous avais dit, souvenez-vous, que mon oncle envisageait de venir de Libye pour être à Jérusalem à l'occasion de la Pâque. En compagnie de mes deux frères il est donc parti pour Jérusalem, afin d'arriver, comme il l'avait prévu, pour le repas de la Pâque, célébré le jeudi soir. Il s'était associé à quelques parents pour partager ce repas. Le vendredi il se produisit un événement monstrueux : ce merveilleux rabbi dont je vous ai parlé, fut arrêté par nos prêtres et livré aux Romains qui l'exécutèrent.

Quand mes frères m'apprirent cette terrible nouvelle , j'éprouvai le besoin de m'isoler derrière la bâtisse qui servait d'abri au bétail. Les hommes n'ont pas le droit de pleurer ; je ne sais plus si j'ai versé des larmes ou non, mais ce que je peux vous dire, c'est qu'un âpre combat s'est déroulé en moi. Je n'arrivais pas à comprendre que les chefs aient réussi à se saisir de lui. Lui qui avait arrêté sur-le-champ la fureur d'une tempête, ne pouvait-il pas, d'un mot, maintenir ses ennemis à distance ?

Bref, d'après ce qu'on m'a rapporté, il y eut une séance de tribunal le vendredi. Là, Jésus fut interrogé. `Es-tu le Christ, le Fils du Dieu Béni ?' lui demanda-t-on. Il répondit tout naturellement : `Je le suis'. Alors les membres du tribunal le condamnèrent comme un blasphémateur, et à ce titre, il était passible de la peine de mort. Il fut donc condamné à la peine capitale (Marc 14.61-63). Il fut conduit à l'extérieur de la ville, et là, sur une colline, on le crucifia entre deux voleurs, comme s'il était lui-même un grand criminel.

Après avoir entendu ces nouvelles, je ne pensais plus à me rendre à Jérusalem pour la Pentecôte, ni pour aucune autre fête ultérieure. Je commençai a nourrir des pensées d indignation à l'encontre de Dieu : comment avait-il pu permettre que cet homme , qui avait accompli tant de miracles, et accordé son secours à tant de monde, soit mis à mort ?

Vous me direz sans doute que je tiens des propos blasphématoires, moi aussi ! Mais après tout, c'est réellement ce que j'ai pensé. Cependant, comme j'avais promis à mon oncle d'aller à Jérusalem pour la fête, je me sentis obliger de tenir ma parole. Je lui demandai simplement de m'excuser s'il me trouvait triste par moments. Nous sommes arrivés à Jérusalem quelques jours avant la Pentecôte. Nous avions profité des jours qui précédaient la fête pour visiter la ville. Le dimanche nous nous sommes rendus tôt au temple ; il devait être huit heures et demie. Tout à coup, mon oncle s'arrêta et me dit : « Tu entends ces voix ? »

Je répondis : « Quelles voix ? Des dizaines de personnes parlent en même temps ! »

« Regarde ! » me dit-il en pointant son doigt dans la direction d'un homme, à quelques mètres de nous. « Bien que vêtu comme un Galiléen, il loue l'Eternel Dieu, Yahweh Elohim, dans la langue libyenne de mon village ! Pourtant je suis sûr d'être le seul juif de toute la région à être venu à Jérusalem cette année. Comment cet homme a-t-il pu apprendre ma langue ? Et sans le moindre accent ! »

II y avait avec nous deux autres personnes de la ville de Naïn.

« Allons donc ! Tu vois bien que cet homme est ivre ! » Et elles éclatèrent de rire.

« Non, certainement pas ! », reprit mon oncle, « il parle de Jésus de Nazareth, ce rabbi dont vous m'avez si souvent raconté les miracles et rapporté les paroles. Il affirme que ce Jésus, eh bien, c'est le Christ. Il parle également du Saint Esprit. »

A ce moment, un homme à la voix forte, debout sur les marches du temple, nous adressa la parole. Plusieurs autres personnes avaient dû affirmer la même chose que mes amis de Naïn, à savoir que cet homme était ivre, car la première des choses que déclara l'homme à la voix qui portait loin fut ceci : `Ces gens ne sont pas ivres, comme vous le supposez, car il n'est que neuf heures du matin ! Il se produit ce qui a été annoncé par le prophète Joël.' Il expliqua donc que ces hommes étaient remplis de l'Esprit Saint selon ce qu'avait prédit le prophète Joël (Actes 2.15-16).

Puis il enchaîna sur le rabbi Jésus. Après avoir évoqué les signes et les prodiges que Dieu avait accomplis par lui, il ajouta : `Cet homme, livré selon le dessein arrêté et selon la prescience de Dieu, vous l'avez fait mourir en le clouant à la croix.'

Et il ajouta : `Mais Dieu l'a ressuscité i' (Actes 2.23-24a).

A l'ouïe de ces paroles, je me sentis oppressé intérieurement ; j'eus le souffle coupé. Puis je fus secoué de violents frissons. Je m'accrochai si fortement à l'épaule de mon oncle que je lui arrachai un cri de douleur.

L'orateur - j'appris plus tard qu'il s'agissait de Pierre originaire de Capernaüm et l'un des intimes de Jésus - poursuivit son discours en citant le Psaume de David :

`Voilà pourquoi mon coeur se réjouit et ma langue est dans l'allégresse ; et même ma chair reposera avec espérance, car tu n'abandonneras pas mon âme dans le séjour des morts, et tu ne laisseras pas ton Saint voir la corruption' (Psaume 16.9-10).

Il enchaîna :

`Frères, qu'il me soit permis de vous dire franchement, au sujet du patriarche David, qu'il est mort, qu'il a été enseveli et que sa tombe existe encore parmis nous jusqu'à ce jour. Comme il était prophète et qu'il savait que Dieu lui avait juré par serment de faire asseoir un de ses descendants sur son trône, il a prévu par ses paroles la résurrection du Christ qui, en effet, n'a pas été abandonné dans le séjour des morts et dont la chair n'a pas vu la corruption' (Actes 2.29-31).

Je n'oublierai jamais les paroles qui suivirent. Pierre déclara :

`Ce Jésus, Dieu l'a ressuscité ; nous en sommes tous témoins... et il a fait Seigneur et Christ (Messie) ce Jésus que vous avez crucifié' (Actes 3.32,36).

Je commençai à me faufiler à travers la foule, et me trouvai à quelques pas de Pierre, et je m'associai de tout coeur à la question que de nombreux auditeurs posèrent à l'orateur : `Que ferons nous ?'

En guise de réponse, Pierre dit :

`Repentez-vous et que chacun soit baptisé au nom de Jésus le Messie, pour le pardon de vos péchés, et vous recevrez le don du Saint Esprit... Sauvez-vous de cette génération perverse' (Actes 2.37b-38, 40b).

A peine avait-il fini son discours que la foule se mit à parler et à poser des questions. Je me suis approché de Pierre et lui ai dit : «  Tu ne me connais sans doute pas, mais j'ai fait la connaissance de ton ami Abdias, de Capernaüm, et j'étais présent lorsque Jésus a nourri les 5000 personnes. J'aimerais te poser une question : Dis-moi sincèrement, devant l'Eternel, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, as-tu réellement vu Jésus vivant après sa crucifixion ?

Pierre me regarda droit dans les yeux et dit : Oui. J'ai poursuivi : Combien de fois l'as-tu vu ?

Il m'a répondu : Jésus m'est apparu à moi tout seul, puis à nous tous, en ce dimanche qui a suivi la Pâque, le jour-même de sa résurrection. Une semaine plus tard, j'étais présent quand il est apparu au milieu de nous, avec un message bien particulier pour Thomas. Puis quelques jours se sont écoulés, et sept d'entre nous étions sortis pêcher sur le lac de Galilée. Grâce à lui, nous avons eu une pêche fabuleuse, et au moment où nous avons atteint le rivage, nous nous sommes aperçus que Jésus nous avait préparé un bon repas de poisson frit. Plus tard encore, il s'est montré à plus de 500 personnes en une fois ; la dernière fois que je l'ai vu, c'était le jeudi de la semaine précédente, lorsqu'il est monté au ciel sous nos yeux.

- C'est donc bien vrai ce qu'il a prophétisé en disant qu'il donnerait sa vie pour ses brebis en rançon pour leurs péchés, et qu'il ressusciterait le troisième jour ?

Pierre dit : Oui, c'est parfaitement vrai !

- Bien,je te crois. Je crois que Jésus est mort pour mes péchés et qu'il est ressuscité. Maintenant, conformément à ce que tu as dit , baptise-moi.

Aussitôt, il m'a conduit à une piscine et m'a baptisé au nom de Jésus. Peut-être ai-je été le premier baptisé ! En ce même jour près de trois mille personnes passèrent par les eaux du baptême (Actes 2.41 ). Mon oncle fut du nombre. Il rendit ce témoignage : Quand j'ai entendu ce Galiléen me prêcher dans ma langue, j'ai su que ce qu'il disait ne pouvait qu'être vrai. Je n'en ai pas douté un instant.

Désormais, tous mes péchés sont pardonnés. Je suis un homme libre, conformément à ce que Jésus avait annoncé :

`Si le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres.'

 

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Encore un dernier mot. Que le lecteur se souvienne d'un verset extrait de la Sourate des Bestiaux (Al-An`âm) 6.9, de l'an 6 de l'Hégire :

« Si Nous avions désigné un ange (comme Notre messager) Nous aurions fait de lui un homme (afin qu'il puisse parler aux hommes) (Trad. Pickthall).

 

C'est précisément ce que Dieu a fait

en venant en Jésus Christ pour réconcilier le monde avec lui-même.

Il est venu comme un homme pour pouvoir parler aux hommes

et ouvrir l'accès au paradis

à tous ceux qui acceptent son extraordinaire offre de salut.

 

 


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